Description
..Abû Sa’îd al-Bâjî prend ici une épaisseur toute « historique » dont l’auteure tente de restituer les différentes facettes .
Ce livre est signé Nelly Amri
Sîdî Abû Sa‘îd al-Bâjî (m. 628/1231), figure emblématique du soufisme tunisien, repose depuis près de huit siècles dans le village qui a pris officiellement, en 1893, son nom, dans la banlieue nord de Tunis. Son mausolée actuel, autour duquel s’est constitué un véritable complexe architectural, situé plus bas que la Manâra (le phare) où il aurait été inhumé à l’origine, draine, depuis des décennies, pèlerins et visiteurs. Dans la seule ville de Tunis, ont été recensées non moins de sept khalwa-s (lieux de retraite) que la mémoire de la ville lui associe. Sa légende s’est, au fil du temps, nourrie des angoisses et des espérances de générations de fidèles et de leur imaginaire religieux.
L’intérêt des chercheurs, aussi bien pour le saint et son mausolée que pour le site, n’est pas nouveau ; plusieurs études lui ont été consacrées depuis les années trente du siècle dernier. Mais que savons-nous exactement de l’homme, du maître, du saint ?
Nelly Amri en spécialiste du soufisme et de la sainteté en islam et plus particulièrement au Maghreb et en Tunisie, tente ici d’éclairer l’itinéraire d’Abû Sa‘îd, ces bribes de vie que laisse deviner l’hagiographie, de mettre en lumière sa figure de sainteté et sa réception, tant par le milieu soufi que par le milieu savant tunisois, d’exhumer son enseignement et son lien à la voie spirituelle d’Abû Madyan, ainsi que son réseau de compagnons, et enfin d’examiner la «carrière» posthume du saint et la mise en place progressive d’un culte, focalisé désormais autour de son maqâm (mausolée).
Soumis au double regard de l’histoire et de l’hagiographie, Abû Sa‘îd al-Bâjî prend ici une épaisseur toute «historique» dont l’auteure tente de restituer les différentes facettes. In fine, au-delà du portrait stylisé du saint, une figure plus individualisée émerge que l’hagiographie laisse, malgré tout, affleurer. Au fil des pages, cet homme nous devient peu à peu familier et finit par nous toucher à vif.