Thugga Dougga : Ville romano-africaine de Tunisie

En quoi le site archéologique de Thugga (appellation romaine de notre Dougga d’aujourd’hui) se distingue-t-il de tous les autres et qui, en particulier, lui a valu d’être classé dans la liste du patrimoine mondial par l’Unesco?

Par son emplacement, bien sûr, par l’abondance de ses composantes monumentales, leur bon état de conservation ou leur judicieuse restauration; par les trésors non encore explorés que recèle son sous-sol; mais, surtout, par la profusion de son legs épigraphique, ces inscriptions sur pierre gravées pour commémorer les principaux événements liés au développement urbain de la cité, ou des  dédicaces offertes aux divinités. Les fouilles ont permis d’en dégager plus de 2.000. Toute une littérature qui, scientifiquement décryptée, insuffle la vie dans cette cité apparemment morte depuis longtemps.

La question, toute la question est : comment communiquer ce souffle de vie au lecteur, futur visiteur du site? Comment lui faire voir la cohabitation, dans un même espace urbain, de deux communautés distinctes vivant de biens séparés, mais aussi dans des lieux conceptuels, juridiques, sacrés, distincts tout en étant entremêlés?

Comment mettre en évidence les lignes de contact, d’échanges, de mixité?

Dans un langage très simple, tout en étant très précis, Samir Aounallah, archéologue, chercheur à l’Institut national du patrimoine, a choisi d’emprunter une double chronologie : celle, historique, du déroulement linéaire des événements qu’il a superposée à celle de la construction des monuments, attestée, celle-là, par l’épigraphie. Une double grille de lecture qui permet bien des extra-polations qui dépassent largement le cadre strictement historique pour nous renseigner sur des aspects administratifs, sociaux, économiques, culturels ou religieux qui n’ont pas été évoqués en tant que tels par les auteurs de ces inscriptions.

Il n’est, certes, pas un précurseur en la matière mais peut revendiquer, à juste titre, un art consommé de mettre ce procédé au service du lecteur lambda pour l’entraîner de l’autre côté du décor.
Une abondante illustration photographique ainsi que de nombreux plans et restitutions volumétriques accompagnent les textes. Ceux-ci sont également éclairés par des exergues : traductions de textes anciens, définitions, citations de spécialistes.
Un circuit est proposé en début d’ouvrage pour faciliter l’évolution parmi les principaux édifices.
T.A.
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Samir Aounallah
Thugga Dougga, ville romano-africaine de Tunisie, 104 pages, format 13/24 cm
Paru chez Contraste Edition.